Conflit d’autorité à Njimon. Censuré au cours d’une cérémonie, le maire UDC crée un incident

Conflit d’autorité à Njimon. Censuré au cours d’une cérémonie, le maire UDC crée un incident

Indigné face à cette situation, le sous-préfet a sorti son arme à feu pour menacer l’élu local.

Plusieurs incidents ont émaillé ces derniers temps le déroulement de cérémonies officielles régionales. Elles mettent en lumière la volonté des autorités locales proches du pouvoir central d’empêcher les élus locaux de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), parti d’opposition, de se faire entendre. Le  samedi 10 décembre 2022, la commune de Njimon a été particulièrement sous les feux des projecteurs. Exclu de la tournée de prise de contact du sous-préfet, Roger TanefoLigpa,  le maire de cette municipalité, Njifen Adamou, a violemment réagi.

Au moment où le porte-parole des élites – un militant du parti au pouvoir,  le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) – désigné par le chef du village, a voulu prendre la parole pour intervenir en lieu et place du maire, celui-ci lui a arraché le micro des mains. Il s’en est suivi un échange verbal violent entre le maire et le sous-préfet. Ce dernier a sorti son arme à feu pour menacer l’élu local. Pour cette autorité administrative, « le maire n’est pas un super-citoyen ». « Il doit respecter les prérogatives du chef du village qui organisait et accueillait cette cérémonie ». Cette position est appuyée par une correspondance signée par un collectif des chefs de village de l’arrondissement de Njimon.

« Atteintes répétées à la liberté d’expression »

En guise de riposte, le maire souligne qu’ « il existe une relation incestueuse entre le Rdpc (le parti au pouvoir) et les autorités administratives et traditionnelles du département du Noun qui font tout pour empêcher les élus de l’Union démocratique du Cameroun (dans l’opposition) de s’exprimer lors des cérémonies publiques. Cette censure a été orchestrée en juillet 2021 par le gouverneur de la région de l’Ouest à Foumban. Madame la maire de cette ville et présidente nationale de l’Udc avait été empêchée de parole au profit d’une élite Rdpc désignée pour la circonstance.» Charlie Tchikanda, directeur exécutif de la ligue des droits et libertés dénonce cette situation d’exclusion et d’atteintes répétées à la liberté d’expression. Il estime que l’’Etat du Cameroun ne respecte pas suffisamment le principe de la liberté d’expression et celui du  pluralisme politique.

D’après l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politique : «  Toute personne a droit à la liberté d’expression ; ce droit comprend la liberté de(…) répandre des informations et des idées de toute espèce sans aucune considération de frontière, sous forme orale….Nul ne peut être inquiété pour ses opinions. »La déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique est assez explicite sur la question. Le Principe 2 traite de la non-ingérence dans la Liberté d’opinion et  énonce : « La liberté d’opinion, notamment le droit de se forger et d’échanger toute sorte d’opinion, à tout moment et pour quelque raison que ce soit, est un droit humain fondamental et inaliénable et un élément indispensable à l’exercice de la liberté d’expression. Les États n’interfèrent pas dans la liberté d’opinion de quiconque. »

Le Principe 3 qui porte  la non discrimination ajoute : « Tous les individus jouissent de l’exercice de la liberté d’expression et de l’accès à l’information, sans distinction de quelque nature que ce soit, fondée sur un ou plusieurs motifs, notamment la race, le groupe ethnique, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion politique ou autre, l’affiliation politique, l’origine nationale ou sociale, la naissance, l’âge, la classe, le niveau d’éducation, le métier, le
handicap, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou tout autre statut social. »

Guy Modeste DZUDIE(Jade)