Bankim. Pas de tables bancs pour les élèves mbororos

Bankim. Pas de tables bancs pour les élèves mbororos

Depuis le début de la rentrée scolaire 2021/2022 qui a commencé en septembre dernier, plus de 1000 élèves mbororos ont de la peine à avoir une place assise dans les établissements scolaires. Ces enfants mbororos sont venus du Nord-Ouest, du Sud-Ouest à cause de la crise sociopolitique, ainsi que ceux venus du Nigeria voisin à l’issu des conflits agropastoraux entre mbororos et mambilas.

Amadou, l’un de ces déplacés, nous raconte : « Je suis parti du Nigeria pour fuir les conflits agropastoraux qui sévissaient là-bas pour m’installer ici à Nyamboya. J’ai avec moi mes épouses, mes 22 enfants ainsi que mes bœufs ».  Comme les enfants d’Amadou, plusieurs enfants mbororos déplacés subissent le même sort dans d’autres villages comme Attah, Dieki, Dkouké et Diang.

Quelques rares ouvertures

Engelbert Mveing, maire de la commune de Bankim, se bat comme il peut avec les petites dotations de la décentralisation, et, avec la participation des parents d’élèves. Depuis l’année dernière, ce magistrat municipal a amené les parents à mettre la main à la patte. « Notre projet a déjà réussi dans trois établissements. Il y a l’école publique bilingue de Ndjitem, l’école publique bilingue de Ndoumdjom, le lycée bilingue de Attah et le CES bilingue de Ndjinklo. Dans tous ces établissements, nous avons demandé la contribution de l’Association des Parents d’Elèves et d’Enseignants (Apee) qui consistait à faire fabriquer les briques de terre, et la mairie faisait le reste. Cette opération a permis la construction d’un bloc de deux salles de classe dans chacun de ces établissements. Il faut souligner que nous n’avons pas encore équipé ces établissements en tables bancs. Pour cette année, nous avons prévu de construire également un bloc de deux salles de classes à l’école publique bilingue de Kouroum. Après nous allons programmer les équipements », annonce le maire de la commune de Bankim.

Beaucoup d’intervenants affirment que l’État ne fait pas ce qu’il faut pour accueillir convenablement les déplacés. Il a pourtant des obligations vis-à-vis de sa population. La charte africaine des droits de l’homme et des peuples dans son article 17 alinéa 1 stipule que, « toute personne a droit à l’éducation ». Pour le moment, le représentant de l’État, le sous-préfet de Bankim, Théodore Ondobo, appelle les uns et autres à une prise de conscience. « J’ai fait ma tournée de prise de contact du 15 au 23 février. Pendant ce périple, j’ai constaté que le problème d’infrastructure scolaire est réel, malgré les efforts qui sont faits par les pouvoirs publics.

Ce problème existait même déjà avant l’arrivée des déplacés internes venus du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi que pour les éleveurs mbororos ayant quitté le Nigeria à cause des conflits agropastoraux. Nous avons rendu compte de cette situation à la hiérarchie. Sur le plan local j’ai demandé aux élites et aux chefs de villages de s’impliquer en relançant les comités de développement. Aujourd’hui l’Etat ne peut plus tout faire seul. La mairie se bat avec les moyens qu’on lui envoie, mais c’est insuffisant. Il faut que les élites de l’arrondissement de Bankim copient l’exemple de ce qui se passe ailleurs », fait-il savoir.

 Trop peu d’investissements publics

En réalité, aujourd’hui tout le monde est conscient du déficit en salles de classe et tables bancs. « Il nous manque un peu de tout ici ; je veux parler des salles de classe et des tables bancs. Le problème se situe tant au niveau primaire que secondaire, mais c’est encore plus grave au primaire. Que ce soit à Sonkolong, Nyamboya, Somi, Attah et autres, c’est le même problème partout », précise Tsea Oussoumanou Dewa, conseiller municipal de Bankim, habitant de Sonkolong. Déjà quelques élites essayent de faire de leur mieux pour apporter leur contribution face à ce problème. « En début d’année scolaire, nous avons remis des tables bancs dans certains établissements de notre arrondissement. Mais je pense que c’est très insuffisant. L’Etat doit intervenir en aménageant les salles de classe, et en les équipant pour aider les enfants des éleveurs mbororos qui nous viennent de partout », exhorte Raphael Hamadjam, président du comité de développement de l’arrondissement de Bankim.

Par Francis Eboa (Jade)