Assassinat de Martinez Zogo. La défense des suspects veut barrer la voie à la manipulation

Assassinat de Martinez Zogo. La défense des suspects veut barrer la voie à la manipulation

La défense de l’un des suspects dénonce les violations des droits de son client, notamment les perquisitions illégales. Certains juristes affirment que dans le cadre d’un crime, les perquisitions peuvent se dérouler sans mandats.

Le 17 février 2023, Me Charles Tchoungang, avocat au barreau du Cameroun était face à la presse.  Cette sortie intervient un mois après l’enlèvement de Martinez Zogo, chef de chaîne de la radio Amplitude Fm dont la dépouille a été retrouvée le 22 janvier 2023 abandonnée dans un terrain vague non loin de la capitale Ce juriste est le défenseur de Jean pierre Amougou Belinga, l’un des principaux suspects dans l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. Au cours de l’entretien avec les journalistes, l’avocat a dénoncé le fait qu’au lieu de vouloir rendre justice, l’on veut plutôt s’acharner sur son client. Il s’appuie notamment sur certains détails de l’enquête préliminaire qu’il considère comme des cas de violations flagrants des droits de son client.  Depuis l’interpellation de Jean Pierre Amougou Belinga le 6 février 2023, l’avocat dénonce le fait que le domicile de son client ainsi que ses bureaux, et d’autres domiciles où vivent ses épouses ont été perquisitionnés sans mandat signés par le procureur de la République.

« Une campagne médiatique », dénonce l’avocat

Me Charles Tchoungang a également expliqué que les questions posées à son client pendant l’enquête préliminaire visent à présenter Amougou Belinga comme le principal suspect de l’assassinat de Martinez Zogo. « Une vaste campagne médiatique nationale et internationale avec l’appui de Reporters sans frontières a été mise en place avant, pendant et après l’assassinat de Martinez Zogo pour accréditer un scénario criminel tendant à faire croire que les principaux commanditaires de ce crime seraient Jean Pierre Amougou Belinga, Pdg du Groupe l’Anecdote et Monsieur Laurent Esso, ministre de la Justice, Garde des Sceaux», a déclaré Charles Tchoungang lors du point presse tenu le 17 février 2023.

« On est dans le cadre d’une enquête de flagrance  pour une affaire de crime et les personnes qui doivent effectuer ces perquisitions sont obligées d’être les officiers de police judiciaire et ont besoin d’allégement de toute procédure pour effectuer leur travail. Pour ce qui est du délai prolongé de la garde à vue, l’avocat estime que tout dépend de la qualification des faits. Si les faits qualifiés ont un lien avec le terrorisme par exemple, les suspects peuvent passer 15 jours de garde à vue et renouvelables autant de fois en fonction des éléments dont les enquêteurs ont besoin  pour la manifestation de la vérité», explique un avocat.

Complément d’enquête

Les principaux suspects que sont  Jean pierre Amougou Belinga, le lieutenant-colonel Justin Danwe et plusieurs autres ont été présentés devant le commissaire du gouvernement le 14 février 2023. Ils ont été renvoyés dans les locaux de la légion de gendarmerie du Centre pour complément d’enquête. « La communication faite par Me Tchoungang illustre le fait que les personnes en garde à vue sont en communication avec leurs avocats. L’avocat ne s’est pas plaint que son client est privé de visites, pour l’instant tout laisse croire que les droits des personnes interpellées dans le cadre de l’assassinat de Martinez Zogo sont respectés. Il pouvait avoir une violation si les suspects étaient par exemple privés de visite ou s’ils n’arrivaient pas à communiquer avec leurs conseils. Ce qui n’a pas été évoqué par Me Charles Tchoungang pendant la conférence de presse qu’il a donnée. Pour l’instant, rien ne filtre encore sur les charges retenues à l’encontre des suspects lors de l’enquête préliminaire. 

Selon les observateurs l’article   14 du Pacte international relatif aux droits civils et politique est pour l’instant respecté. Cet article précise que : « Tous sont égaux devant les tribunaux et les cours de justice. Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil. La sortie faite par l’avocat de Jean Pierre Amougou Belinga est perçue comme une façon de vouloir manipuler l’opinion nationale et internationale. 24h après la sortie de Me Charles Tchoungang, l’avocat de Justin Danwe, l’autre principal suspect de l’assassinat de Martinez Zogo a qualifié les déclarations faites par son confrère, comme étant non fondées.

Ce dimanche 19 février 2023 au cours de l’émission canal 2 diffusée de la chaîne de télévision Canal 2 international, Me Claude Assira l’un des panélistes, a estimé que son confrère qui est par ailleurs un ancien bâtonnier, a peut être compris qu’il a désormais une petite marge de manœuvre dans la bataille judiciaire au sujet de la défense de son client.  L’avocat a affirmé que pour l’instant l’enquête préliminaire se déroule dans les dispositions de la loi. Il estime encore que compte tenu de la barbarie et la cruauté utilisées pour assassiner le journaliste Martinez Zogo, cet acte avait pour objectif de faire peur. Qui a tué Martinez Zogo ? C’est la question qui préoccupe actuellement la majorité des Camerounais qui dénonce en même temps la manipulation de certains acteurs pour empêcher la manifestation de la vérité.

Prince Nguimbous (Jade)