Samuel Wazizi, journaliste camerounais mort en détention. Quatre ans après son décès, l'impunité persiste

Samuel Wazizi, journaliste camerounais mort en détention. Quatre ans après son décès, l'impunité persiste

Depuis le décès du journaliste camerounais Samuel Wazizi en détention, sa famille et l’ensemble de la profession sont plongés dans une profonde douleur et une frustration grandissante. Quatre ans après cette tragique disparition, l'impunité persiste et les responsables de ce crime restent toujours inconnus. Alors que le monde célèbre en ce début novembre la journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes, il est essentiel de rappeler l'importance de la liberté de la presse et de la nécessité de rendre justice à Samuel Wazizi.

Samuel Wazizi était un journaliste engagé, courageux, et soucieux de dévoiler la vérité et de faire entendre la voix des plus faibles. Malheureusement, son courage lui a coûté la vie. Il était reporter d’image et présentateur d’une émission à CMTV, une chaîne régionale privée anglophone dans la ville de Buéa dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. Il dénonçait la gestion de la crise anglophone au Cameroun. 

Il a été arrêté à Buéa dans la région du Sud-Ouest le 2 août 2019 par le 31e Bataillon d’Infanterie Motorisé (BIM), soupçonné de complicité et d’intelligence avec les sécessionnistes.  Il a ensuite été détenu au secret puis transféré à Yaoundé. Pendant des mois, aucune information sur son état n’a été communiquée à ses avocats. Ils ont assisté aux audiences qui ont eu lieu sur environ 10 mois sans savoir qu’il était mort. Selon les autorités camerounaises, Samuel Wazizi est décédé des suites d’une sepsis sévère  à l’hôpital militaire de Yaoundé, moins de deux semaines après son arrestation. 

Déjà quatre ans que la famille attend le corps

Cette version officielle est accueillie avec scepticisme par de nombreux observateurs internationaux et par la famille de Samuel Wazizi. Des organisations de défense des droits de l'homme et des médias dénoncent un acte brutal visant à réduire les voix dissidentes dans le pays.  Aucune explication claire n'a été fournie quant aux causes de sa mort. Pire, jusqu’à ce jour, le corps de Samuel Wazizi n'a toujours pas été remis à sa famille, qui attend désespérément de pouvoir lui rendre un dernier hommage et lui offrir une sépulture digne.

Cette situation est inacceptable dans un Etat de droit et soulève de nombreuses interrogations quant à l'impunité dont semblent bénéficier les responsables de cette mort en détention. La famille de Samuel Wazizi, les journalistes camerounais ainsi que de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme, appellent les autorités camerounaises à faire la lumière sur cette affaire et à traduire les coupables en justice.

La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute société démocratique. Les journalistes ont le devoir d'informer le public, de donner une voix aux sans-voix et de dénoncer les abus de pouvoir. La mort de Samuel Wazizi est une atteinte directe à cette liberté et une menace pour tous les journalistes qui risquent leur vie en défendant la vérité.

Combattre l’impunité

En cette journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes, il est essentiel de rappeler aux gouvernements et aux autorités compétentes leur responsabilité de protéger les journalistes et d'assurer que les crimes commis à leur encontre ne restent pas impunis. La famille de Samuel Wazizi mérite la vérité et la justice, tout comme le peuple camerounais mérite une presse libre et indépendante.

Nous nous solidarisons avec la famille de Samuel Wazizi et avec tous les journalistes qui risquent leur vie pour informer le public. Nous appelons également la communauté internationale à continuer de mettre la pression sur les autorités camerounaises pour que justice soit rendue. La mort de Samuel Wazizi ne doit pas être oubliée. L'impunité ne doit pas prévaloir. La liberté de la presse doit être protégée. La vérité et la justice doivent être rendues pour Samuel Wazizi et pour tous les journalistes qui ont perdu la vie dans l'exercice de leur métier.

Etienne TASSE