Mayo-Darlé. Les jeunes se lancent dans la culture des tubercules

Mayo-Darlé. Les jeunes se lancent dans la culture des tubercules

L’objectif est de produire de la farine à grande quantité pour palier au déficit du céréale

Aujourd’hui au Cameroun, plus les jours passent, plus le panier de la ménagère perd de sa valeur. Le prix des produits de première nécessité ne cesse de grimper sur le marché. Depuis quelques mois déjà, beaucoup de camerounais ne peuvent plus s’offrir le luxe de payer une baguette de pain à la boutique ; ce sont les conséquences collatérales de la guerre en Ukraine ayant provoqué ainsi la rareté du blé sur le marché.

Pour essayer d’apporter un début de solution sur le plan local, le sénateur Baroua Nyakeu a réuni les jeunes de sa localité notamment de Mayo-Darlé pour qu’ils se lancent dans l’agriculture. Parmi la cinquantaine de jeunes qui ont adhéré à ce projet, il y a une vingtaine de jeune mbororos. « Nous avons été sensibilisés lors des grands rassemblements sur les risques de la faim non seulement dans notre arrondissement, mais partout au Cameroun ainsi que dans le monde entier. Aujourd’hui nous constatons tous que les prix des produits de première nécessité ont augmenté sur le marché. A cause de la guerre en Ukraine, le blé devient de plus en plus rare et le pain n’est pas à la portée de tout le monde. Donc avec le soutien du sénateur Baroua Nyakeu, nous avons eu des terres et on s’est lancé dans la culture des patates et du manioc pour tenter de résoudre ce problème. Les gens connaissent beaucoup l’homme mbororo derrière les bœufs, mais aujourd’hui nous voulons faire de l’agriculture une seconde priorité » laisse entendre le jeune Oumarou.

En réalité, pour le sénateur Baroua Nyakeu, la culture de ces tubercules est un moyen de lutte contre la cherté des denrées alimentaires sur le marché. A cours terme, il faudra d’abord satisfaire la demande locale sur la consommation directe de ces tubercules qui est très importante, et, à moyen et long terme procéder à la transformation de ces tubercules en farine. « Il est temps de trouver une alternative fiable. Etant ancien dans l’encadrement des producteurs et ayant participé à plusieurs réflexions sur l’amélioration des conditions de vie des producteurs et de l’ensemble de la population, il m’est revenu en idée qu’il avait une plante qu’on peut cultiver dans les dix régions du Cameroun et dont toutes les parties sont utiles (feuilles, branche et racines) ; cette plante c’est le manioc. Aujourd’hui, il y a déjà des associations de transformation de manioc en farine qui nous contactent », témoigne le sénateur Baroua Nyakeu. Aussi, le manioc a des avantages considérables tant sur ses valeurs nutritionnelles que sur le procédé de sa culture.

 Et l’Etat ?

Avec un peu plus d’une vingtaine d’hectares déjà cultivés par ces jeunes, l’Etat du Cameroun devrait les accompagner, surtout que la constitution du 18 janvier 1996 le prévoit. « L’Etat assure la protection des minorités et préserve les droits des peuples autochtones conformément à la loi, assure leur développement social, les mbororos en font partie », peut-on lire. « Je pense qu’en plus du ministère de l’agriculture directement concerné pour l’encadrement technique, l’intervention des autres ministères serait nécessaire. Je pense entre autre au ministère des petites et moyennes entreprises et le ministère des finances pour l’appui financier ou encore du ministère de la formation professionnelle pour la formation de ces jeunes », précise Baroua Nyakeu.

Pourtant, l’article 21 de la déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones précise que, « les Etats prennent des mesures efficaces pour assurer une amélioration continue de la situation économique et sociale des peuples autochtones, une attention est accordée aux droits et besoins particuliers des jeunes, femmes, enfants etc… ». Ainsi, la culture du manioc peut booster le revenu des producteurs camerounais en général, des jeunes de Mayo-Darlé en particulier avec la chaine de transformation et commercialisation, créer beaucoup d’emplois pour les jeunes tout en limitant les effets de la cherté des denrées alimentaires. Pour ce faire, il faudra une volonté des pouvoirs publics et un accompagnement adéquat des différents acteurs intervenant dans ce processus.

Par Francis Eboa (Jade)