Les personnes handicapées manquent au Sénat

Les personnes handicapées manquent au Sénat

Sénatoriales 2023. 34 handicapés sur 11.138 électeurs ont pris part au vote le 12 mars 2023. Sur les 70 sénateurs élus, aucune personne handicapée ne figure. Les organisations de défense de ces couches vulnérables souhaitent que l’un des leurs soit nommé par décret présidentiel.

Les élections sénatoriales ont eu lieu le 12 mars 2023. La curiosité de ce grand rendez-vous  de la vie politique est notamment le faible taux de participation des handicapés. La liste des votants a été publiée ce jeudi 9 mars 2023 par le directeur général d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe en charge de la gestion des élections. Sur un total de 11.138 votants, seulement 34 handicapés ont voté comme conseillers municipaux.

« Parmi ces grands électeurs, on retrouve 843 conseillers régionaux, 10272 conseillers municipaux et 23 électeurs qui sont à la fois conseillers régionaux et municipaux (ils voteront une seule fois, Ndlr) ; soit 8217 hommes, 2921 femmes. On retrouve dans ce fichier 570 jeunes et 34 personnes vivant avec un handicap. Ils sont logés dans 198 bureaux de vote avec une moyenne de 50 à 80 électeurs par bureau de vote », précise le directeur général d’Elecam. 

Sur les 100 sièges de sénateurs que compte la première chambre du parlement, 70 ont été renouvelés ce dimanche et les 30 autres seront nommés  dans les prochains jours par décret présidentiel.

« La faible participation des personnes handicapées au vote des sénateurs témoigne à suffisance à quel point ces personnes vulnérables sont mises à l’écart de la gestion des affaires publiques au Cameroun », témoigne Joseph Tene, responsable d’une organisation de promotion des droits des personnes handicapés. Surtout que le bureau sortant était composé d’un seul sénateur suppléant. A l’Assemblée nationale également, aucun siège de député n’est occupé par un handicapé.

Près de 9000 inscrits

Joseph ¨Pouagam, président de Godwill, une association qui défend les droits des personnes handicapées  explique : « Il y a une faible participation des personnes handicapées au processus électoral, en ce qui concerne les élections sénatoriales.  Au niveau des sénatoriales, ce sont des élus qui votent, c’est-à-dire les conseillers municipaux. Nous venons de lancer une campagne de plaidoyer pour souhaiter qu’au moins une personne vivant avec le handicap figure dans la liste des 30 sénateurs qui seront nommés par décret présidentiel. Nous voulons que les personnes vivant avec le handicap puisse participer à la prise de décision afin de prendre en compte nos réalités » 

L’absence des personnes handicapées au parlement viole les dispositions de l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui précise : « Tout citoyen a le droit et la possibilité, sans aucune des discriminations visées à l’article 2 et sans restrictions

Déraisonnables:a) De prendre part à la direction des affaires publiques, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis;

b) De voter et d’être élu, au cours d’élections périodiques, honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l’expression libre de la volonté des électeurs;

c) D’accéder, dans des conditions générales d’égalité, aux fonctions publiques de son pays ». 

Selon les statistiques du Fonds des nations unies pour la population (Unfpa), 15% des personnes vivant avec le handicap font partie de la population camerounaise estimée à 27,2 millions d’habitants  la population générale du Cameroun ; Aux élections présidentielles d’octobre 2018, les responsables d’Elecam affirment que 8500 personnes handicapées étaient inscrites sur les listes électorales sur un total de 6 millions d’électeurs.

Les responsables d’Elecam affirment que l’organe en charge de la gestion des élections travaille depuis en collaboration avec les associations de personnes vivant avec un handicap pour favoriser leur insertion dans la prise de décision en s’inscrivant sur les listes électorales : « Elecam dit mettre en place les stratégies pour permettre à toutes les populations de s’inscrire sur les listes électorales. Il revient aux partis politiques d’accorder une place capitale à l’investiture des personnes handicapées pendant les processus électoraux », affirme un responsable d’Elecam.

Au niveau du parlement, des initiatives ont été mises en place pour encourager la représentativité des personnes handicapées dans la vie politique. Le Réseau des parlementaires pour la participation des personnes handicapées, composé de sénateurs, de députés et d’organisations de la société civile, en est un exemple. Sauf que jusqu’à présent, que ce soit au gouvernement ou dans les deux chambres du parlement, aucune personne vivant avec le handicap n’y figure. La première chambre du parlement est composée de 100 sénateurs tandis que l’Assemblée nationale compte 180 députés.

Prince Nguimbous (Jade)