Les assassinats et les meurtres se multiplient  au Cameroun

Les assassinats et les meurtres se multiplient au Cameroun

Péril au droit de vie. En ce début d’année 2023, les cas d’agression mortelle et assassinats parfois prémédités ne cessent d’inquiéter.  Après les assassinats de Martinez Zogo et d’un prêtre, la dépouille d’une camerounaise travaillant en France a été retrouvée la semaine dernière sur l’autoroute Yaoundé -Nsimalen. Les associations des droits de l’homme tirent la sonnette d’alarme.

Le nombre de décès suspects ne cesse de faire plonger les populations camerounaises dans la psychose. Dans les grandes villes il ne se passe presque plus une semaine sans que les cadavres parfois mutilés font le tour des réseaux sociaux. Ce 20 février 2023, le corps sans vie  de Marie Florence Kwadith,  57 ans, a été retrouvé  aux premières heures de la matinée  sur l’autoroute Yaoundé Nsimalen. La découverte macabre a été faite par les éléments de la brigade de gendarmerie de Bikok. La victime, de nationalité camerounaise, exerçait comme infirmière en France. Elle est arrivée au Cameroun depuis deux semaines pour les obsèques de sa sœur décédée en janvier dernier. Dans la nuit de dimanche, elle est allée accompagner un proche  à l’aéroport de Yaoundé Nsimalen. Au retour de l’hôtel, elle a été victime d’une agression et a malheureusement perdu la vie. Une enquête pour mort suspecte a été ouverte à la Division régionale de la police judiciaire du Centre.

Le 3 février 2023, le corps sans vie du révérend père Jean Jacques Ola Bébé, prêtre orthodoxe  a été retrouvé près de son domicile du quartier Mimboman à Yaoundé. Cet évangéliste âgé de 41 ans était par ailleurs connu comme un animateur radio. Son décès est intervenu deux semaines après la disparition  de Martinez Zogo, chef de la radio Amplitude Fm. Suite à cette découverte macabre, une enquête a été ouverte par le procureur pour mort suspecte. A en croire certaines sources, le prêtre serait mort des suites d’actes de torture. L’autopsie a été réalisée le 18 février dernier et les résultats ont été transmis au procureur de la République.  Quelques jours avant son décès suspect, il avait condamné sur une chaîne de télévision les circonstances de la mort de Martinez Zogo.

Enquêtes impossibles ?

Depuis le 22 janvier 2023 date de confirmation du décès de Martinez Zogo, la communauté internationale et nationale continue d’exiger justice. Le corps du présentateur de l’émission Embouteillages a été retrouvé dans un terrain vague cinq jours après son enlèvement. Une Commission d’enquête commandée par le président de la république est à pied d’œuvre pour déterminer les circonstances de cet assassinat. Plus de 25 suspects sont toujours entendus à la gendarmerie.

La liste continue. Le 6 février 2023, un greffier a été enlevé à Douala et a été retrouvé mort sur la route de Bafoussam Bayangam.  Le 3 janvier 2023, le corps sans vie de Me Victor Samuel Dibomna, avocat au barreau du Cameroun a été retrouvé vers 2h du matin par les inconnus non loin de son domicile. Jusqu’à présent, les circonstances de la mort de cet avocat restent inconnues. Dans un communiqué publié le 18 février 2023, Me Mbah Eric Mbah, bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun a affirmé que l’institution dont il a la charge fera tout pour que l’enquête ouverte par la police judiciaire aboutisse.  Depuis le début d’année 2023, plus de six assassinats et meurtre ont été signalés. Une situation qui porte atteinte à l’Article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui précise : « Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne doit être arbitrairement privé de la vie ».

Le 18 février 2023, les responsables d’Ong réunis à Yaoundé pour présenter le rapport sur la situation des droits de l’homme au Cameroun pour l’année 2022 ont attiré l’attention des autorités gouvernementales. « L’année 2023 risque être une année grave à cause des multiples atteintes au droit à la vie ». L’Etat Camerounais doit prendre toutes ses responsabilités pour garantir la sécurité aux populations. C’est une obligation constitutionnelle ». a affirmé Philippe Nanga, coordonnateur de l’Ong un Monde Avenir.

«  Les responsables de ces cas d’atteinte au droit de la vie doivent être poursuivis et condamnés par les tribunaux. Nous avons le sentiment que le laxisme de l’Etat à poursuivre les personnes suspectées de meurtre a créé une sorte d’impunité. ¨Pourtant les forces de l’ordre disposent de tous les moyens possibles pour faire la lumière lorsqu’il y a un cas de meurtre », a expliqué Jean Marc Bikoko, responsable d’une Ong.

 Les responsables d’Ong à l’instar du Redhac ; d’un Monde Avenir, de Nouveaux Droits de l’homme Cameroun et plusieurs autres estiment  que si rien n’est fait par les autorités gouvernementales, l’année 2023 risque d’afficher les chiffres inquiétants d’assassinats et meurtres. S’agissant notamment de l’assassinat des journalistes et autres défenseurs des droits de l’homme, le ministre de la Communication a rassuré ce jeudi 23 février que tout sera fait pour que justice soit rendue.

Prince Nguimbous (Jade)