Insécurité. Plus de 15 femmes tuées en 52 jours au Cameroun

Insécurité. Plus de 15 femmes tuées en 52 jours au Cameroun

Les féminicides s’accumulent ces dernières semaines au Cameroun et des images horribles sont publiées sur les réseaux sociaux. Les associations de défense des droits de l’homme s’indignent et dénoncent les atteintes au droit de la vie.

Ce mercredi 12 avril 2023, dame Menchum Wambo, professeur de physique chimie et technologie au lycée bilingue de Mokolo, dans l’Extrême-Nord  Cameroun, a perdu la vie lors d’une dispute conjugale avec son époux. Son mari également enseignant, a tranché la gorge de la victime. Samedi 8 avril au quartier Bonabéri à Douala, une jeune couturière de 29 ans a été tuée par son compagnon alors que la jeune fille voulait mettre un terme à leur relation. Dans la nuit du 5 au 6 avril dernier, deux jeunes filles et une fillette ont été égorgées dans la ville de Nanga Eboko. Ce drame survenu dans une seule famille a fait six morts. Le 20 février 2023, une jeune camerounaise travaillant en France comme infirmière avait été tuée sur l’autoroute Yaoundé Nsimalen par des malfrats. Le 7 mars, une jeune fille partie de Douala pour Yaoundé a été kidnappée au quartier Mvan. Elle a été violée avant d’être tuée.  Selon la plateforme d’information Griote Cameroun, spécialisée dans la diffusion d’informations sur les violations des droits des femmes, plus de 15 femmes ont été tuées au Cameroun en 52 jours.

Ces cas de féminicides, enregistrés au Cameroun depuis le début de l’année 2023, ne cesse de se mutiplier. Les associations de défense des droits de l’homme et des Ong de protection des droits de la femme notamment et de la jeune fille en particulier s’inquiètent du silence des autorités gouvernementales face à cette situation. C’est le cas de l’ong Wilfp Cameroun qui dénonce les cas d’atteinte grave  au droit de la vie et à la dignité des femmes survenant dans un Etat qui dispose pourtant de tous les moyens pour assurer la sécurité des femmes. Depuis la survenance de ces nombreux cas, les autorités gouvernementales, notamment celles du  ministère de la Promotion de la femme et de la Famille, n’ont pas encore pris la mesure de la gravité des faits. Des enquêtes judiciaires ont certes été ouvertes mais elles piétinent. A l’image du féminicide de Nanga Eboko, dont le présumé assassin est décédé dans une cellule de la PJ.

Lutter contre les violences conjugales

Ces nombreux cas d’atteinte au droit à la vie viole l’article 18 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui prévoit : « L’Etat a le devoir de veiller à l’élimination de toute discrimination contre la femme et d’assurer la protection des droits de la femme et de l’enfant tels que stipulés dans les déclarations et conventions internationales. »

Cette actualité ne laisse pas indifférents certains militants des droits de la femme. C’est le cas de Sylvie Jacqueline Ndongmo, présidente internationale de l’Ong Wilpf. « L’Etat doit  assurer son rôle régalien qui est celui d’une part de garantir la protection des femmes et d’autre part,  faciliter l’accès à la justice quand le préjudice est subi. En ce qui concerne la garantie de la protection des femmes,  il s’agit de mettre en place des lois sévères sur les violences conjugales et domestiques et de mettre en place des mécanismes efficaces pour l’effectivité de ces lois », explique Sylvie Jacqueline Ndongmo.

L’association Wilpf Cameroun regrette de voir qu’au Cameroun les crises socio-politiques que traverse le pays constituent un facteur aggravant des violences à l’égard des femmes. Pour accompagner les femmes victimes de violences, un cabinet d’assistance juridique et judiciaire  a été mis en place. Dans le rapport sur l’état des droits de l’homme pour l’année 2022, l’Ong « Nouveaux droits de l’homme » avait recensé plus de 60 cas d’atteinte au droit à la vie des femmes.

Au ministère de la Promotion de la femme et de la famille, on se dit très préoccupé par le fait qu’il ne se passe plus une semaine sans déplorer la disparition dans des conditions brutales d’une femme ou d’une jeune fille : « Nous sommes très choqués par les images dégradantes qui sont diffusées sur les réseaux sociaux. Le ministère de la Promotion de la femme et de la famille ne peut pas se substituer aux forces de l’ordre ou à la justice. Nous continuons de sensibiliser les différentes composantes de la nation à la protection des femmes notamment. Toute atteinte à la vie ne peut rester impunie », explique un responsable au service de la Communication du ce ministère.

Une source à la Délégation générale de la Sûreté nationale fait savoir que les différents cas d’atteinte enregistrés ces derniers jours dans plusieurs localités font l’objet d’enquêtes préliminaires : « Dans certains cas, la police travaille dans le cadre des enquêtes mixtes avec la gendarmerie pour faire la lumière », déclare notre source.

Prince Nguimbous (Jade)