Garoua. Journalistes, policiers, gendarmes, magistrats et avocats en concertation

Garoua. Journalistes, policiers, gendarmes, magistrats et avocats en concertation

C’était le 14 juin dernier lors d’un atelier de concertation multi-acteurs pour une presse libre

L’organisation non gouvernement Journalistes en Afrique pour le Développement (Jade) a organisé dans la capitale de la région du Nord, un atelier de concertation multi-acteurs. Prenaient part à cette rencontre, des journalistes, gendarmes, policiers, magistrats, avocats ainsi que des organisations de la société civile. « Ces rencontres de concertation s’inscrivent dans le cadre du projet d’une Presse Libre pour Promouvoir les Droits Humains (Plpdh). Ce projet lancé en 2020 a permis aux différents acteurs impliqués de mieux s’imprégner des questions liées au traitement médiatique des informations relatives aux droits humains. Les premiers bénéficiaires de ce projet sont les journalistes, dont une soixantaine ont été renforcés sur le traitement des sujets droits humains », a précisé d’entrée de jeu, le coordonnateur de Jade, Etienne Tassé.

Pour avoir une idée de ce qui a été déjà fait sur le terrain, Jade a mené une enquête du 1er mars au 30 avril 2022 à travers 20 organes de presse à savoir 09 presse écrite, 07 radios et 04 télévisions. Ainsi, sur 2804 pages, l’espace occupé par ces journaux sur les informations sur les droits humains est de 27 pages soit 0,5% en 2020 ; 1% en 2022 pour une évolution de 100%. En radio, sur les 4110 minutes des journaux parlés pour les 07 radios, ces dernières ont parlé des droits humains pendant 144 minutes soit 2,96% en 2020 et 3,5% en 2022 pour une évolution de 18,2%. En télévision, pendant la période d’enquête de Jade, les 04 chaines de télé sélectionnées ont eu un espace total des journaux télévisés de 4683 minutes et le temps occupé par les infos droits humains est de 193 minutes soit 3,33% en 2020 et 4,13% en 2022 pour une évolution de 24%.

Cette évolution lente peut trouver ses origines à travers des sources d’informations souvent fermées aux journalistes. « Les sources d’information ne sont pas suffisamment ouvertes pour pouvoir permettre aux journalistes de traiter au mieux ces questions de droits humain. C’est pour cette raison que nous avons entrepris de créer cette plateforme qui réunit autour d’une même table, les journalistes, les défenseurs des droits humains, la police, la gendarmerie, les autorités administratives et les magistrats afin que tous ces acteurs qui militent pour la même cause c’est-à-dire la cause des droits humains, puissent discuter et trouver des voies et moyens pour pouvoir travailler en synergie au bénéfice de la promotion des droits humains », justifie Etienne Tassé.

Climat de Confiance

« Le journaliste doit savoir que c’est lui qui doit créer un climat de confiance avec ses sources. Personnes ne peut donner une certaine information à un journaliste qu’il ne maitrise vraiment pas. Il y a des journalistes qui, dans la quête de la sensation, vous lui donnez une information aujourd’hui en off, demain vous retrouvez cette information dans les colonnes du journal avec votre nom. Vous pensez que si celui-là revient vers vous un jour, vous allez encore lui parler ? en tout cas pas moi », souligne un policier présent à cet atelier. Ainsi, au sortir de cette rencontre de Garoua, quelques recommandations ont été faites.

On peut citer entre autres, la création d’une plateforme d’échanges entre les différents acteurs. Il faudra outiller les journalistes sur les démarches liées à l’accès à l’information sur les droits humains. Aussi le respect des règles d’éthiques et de déontologies par les journalistes doit être mis en application par ces derniers tout comme la pondération et l’humilité des hommes de médias. « Nous aussi avons pensé qu’il faut vulgariser les démarches et les procédures relatives à l’accès à l’information sur les droits humains auprès des forces de maintien de l’ordre. Il faudra mettre en place des mécanismes d’alerte et d’assistance des différents acteurs en détresse ou en danger », renchérit Jacques Kaldaoussa, journaliste à Mutations.

Par Francis Eboa