Droits humains. L’intérêt des médias toujours faible

Droits humains. L’intérêt des médias toujours faible

Dans une enquête, Journaliste en Afrique pour le Développement (Jade), une organisation de la société civile fait le point sur l’intérêt des médias camerounais sur la question des droits humains.

Entre le 1er mars et le 30 avril 2022, Journaliste en Afrique pour le développement (Jade-Cameroun) a  mené une enquête sur ‘’l’espace accordé aux droits humains dans les médias au Cameroun’’. Il en ressort en ce qui concerne la presse écrite que 1% des contenus traite de la question des droits humains. Les résultats ne sont également pas reluisants dans d’autres supports. Dans les médias audiovisuels, 3,5% des sujets des journaux parlés concernent les droits humains, contre 4,13% pour les éditions de journaux télévisés.

Même si ces statistiques sont très faibles, il y a tout de même lieu de relever une hausse considérable, se situant entre 18,2 et 100% par rapport à l’année antérieure. Les résultats d’après les responsables de Jade-Cameroun, auraient pu être meilleurs en presse écrite, mais la présence du quotidien à capitaux publics parmi les organes de presse enquêtés a absorbé les efforts des journaux à capitaux privés, de plus en plus intéressés par les sujets touchant les droits humains. De manière globale, tout en se réjouissant des efforts considérables constatés, Etienne Tassé indique qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire par tous les médias.

Lors de la présentation des résultats de cette enquête à Bafoussam dans le cadre d’un atelier multi acteurs, les journalistes présents ont justifié le peu d’intérêt noté par les nombreux obstacles rencontrés et dont le plus marquant est l’accès aux sources. Les magistrats, avocats et officiers de police judiciaire, ont-ils relevé, ne sont pas toujours disposés à parler de ces questions quand un journaliste les approches; mieux, certains, de par leurs attitudes, érigent une barrière qui pousse des journalistes par crainte, à ne pas les aborder. « Lorsqu’une affaire est encore en instruction, il est difficile pour un acteur de la chaine judiciaire d’en parler. Le journaliste est pressé d’avoir l’information alors que nous prenons du temps pour toutes les vérifications afin que l’information donnée soit surtout la bonne. Souvent nous avons une dénonciation qui fait croire d’emblée à une violation d’un droit humain et après les investigations, nous nous rendons compte que ce n’est pas le cas. C’est pour cela qu’on ne peut pas communiquer quand nous n’avons pas achevé nos enquêtes », a confié Ndam Sidiki, magistrat présent à cette rencontre.

D’après Etienne Tassé, coordonnateur de Jade Cameroun, l’atelier multi acteur organisé à Bafoussam rentre dans le cadre du projet presse libre pour promouvoir les droits humains (Plpdh) financé par l’Union Européenne. Il vise notamment à mettre ensemble les journalistes, les magistrats, les avocats, les policiers, les gendarmes et les défenseurs des droits humains, pour non seulement aplanir leurs divergences et améliorer la nature de leurs rapports, mais également à explorer les voies et moyens qui leur permettront désormais de travailler pour mettre à la disposition du public et à temps, les bonnes informations relatives aux droits humains.

Les acteurs de la chaine judiciaire ont présenté la démarche à suivre par le journaliste pour obtenir ce type d’information dont la sensibilité nécessite du tact dans l’exploitation afin de préserver la paix et la cohésion sociale.

Vivien Tonfack