Affaire Wazizi. Le corps du journaliste toujours introuvable, l’Onu saisi

Affaire Wazizi. Le corps du journaliste toujours introuvable, l’Onu saisi

Les Nations Unis demandent des comptes au Cameroun après qu’une plainte a été déposée à Genève Pour disparition forcé et détention arbitraire. La commission d’enquête promise par le chef de l’Etat n’a jamais vu le jour. Les avocats veulent accentuer la pression. 

« Vous restez tranquille que le corps de votre confrère est où ? » s’interroge maitre Amungwa nicodemus tanyi. Le porte-parole du collectif des avocats baptisé « justice for wazizi », mis sur pied pour défendre Samuel Ajiekah Abuwe alias « Wazizi » journaliste à la Chillen Musik and télévision (CMTV) à  Buea, interpellé le 2 Aout 2020 et décédé pendant la détention préventive au secret entre les mains des militaires.

Il affirme que le chef de l’Etat avait promis de mettre sur pied une commission d’enquête pour faire la lumière sur la disparition du journaliste, mais jusqu’à présent rien n’a bougé. « Rien n’a bougé même le ministre de la communication n’a rien dit. L’ambassadeur de France au Cameroun lorsqu’il a rencontré le chef de l’Etat pour cette affaire, il avait promis une enquête indépendante de l’Etat. Mais jusqu’aujourd’hui rien n’a été fait. Maintenant c’est uniquement les journalistes qui doivent faire bouger les choses en parlant chaque jour de cette disparition » précise l’avocat.

«  En plus, pourquoi former des gens et c’est la commission de la présidence de la république qui doit faire le travail ? C’est inacceptable. Le chef de l’Etat doit passer le temps à vouloir créer des commissions d’enquête pourtant il y a des spécialistes en la matière ? » s’interroge les avocats.

« Nous on pose toujours la question de savoir, qu’est-ce que Wazizi est allé faire à la compagnie motorisé de Buea ? Qu’est-ce qu’il faisait chez les militaires ? ca a quoi à y voir avec les enquêtes ? Il est parti d’une cellule de police pour se retrouver chez les militaires. C’est une infraction internationale très grave ça. Wazizi est mort dans les mains des militaires et jusqu’aujourd’hui on ne voit pas le corps, on dit seulement que le corps est scellé quelque part. Mais quelque part où ? Qu’ils nous le disent » insiste  maitre Amungwa nicodemus tanyi.

Pour lui, il y a quelque chose de louche. « Le corps se trouve où ? Que les journalistes rencontrent le ministre de la justice pour le savoir. C’est le corps de Wazizi aujourd’hui, demain ça peut être le corps de l’autre. Ils disent que le corps sera remis à la fin de l’enquête. Et vous les journalistes vous restez là vous ne dites rien. Mais réveillez-vous bon Dieu » s’exclame Amungwa en colère.

L’Onu saisi.

Face au silence affiché par l’administration camerounaise, le collectif a déposé une plainte à Genève auprès de la commission des nations unis contre la torture pour « disparition forcé et détention arbitraire ».

« Les experts de la commission des droits de l’homme contre la torture des nations unis ont reçus notre plainte. Ils ont en retour à travers leur représentant à Genève,  écrits à l’Etat du Cameroun pour demander de rendre compte. Le Cameroun a répondu à travers son ministre chargé de mission aux nations unis. Ce qui nous dérange se sont les mensonges racontés par le gouvernement dans sa réponse » se plaint maitre Amungwa.

Selon le collectif, le gouvernement camerounais dans sa réplique à l’Onu affirme qu’un membre de la famille du journaliste a été saisi lors de son interpellation et de son arrestation, et que plus tard, après son décès, les membres de la famille ont été alertés mais personne n’est venu.

« Ceci est très faux puisque wazizi a été appelé au téléphone, dès qu’il s’est retrouvé à la police, il l’ont arrêté pour le faire disparaitre. Apres on l’a retrouvé au 11 bataillon motorisé du Sud-Ouest. La suite,  personne ne la connais. C’est un tissu de mensonge. Nous avons toujours dénoncé ce comportement revanchard du pouvoir et de l’armée sur les journalistes » mentionne le collectif.

Cette piste internationale n’arrange pas totalement le syndicat national des journalistes du Cameroun. Son président Denis Kwebo indique qu’il aurait souhaité qu’une pression forte soit mise sur la justice de Yaoundé pour que les éléments de la police montrent où se trouve la dépouille du journaliste et que les coupables soient punis.

Par ailleurs, il dénonce l’attitude des journalistes d’expression anglaise qui ne font pas bloc pour revendiquer la mort de leur frère. « Les journalistes anglophones ont été reçu à plusieurs reprises pendant le dialogue national par leur frère le nouveau premier ministre du pays. Ils n’ont pas saisi l’occasion pour dire par exemple qu’ils boudent les travaux si la lumière n’est pas faite sur la disparition de Wazizi. Ils n’ont rien dit. J’ai comme impression que je suis le seul à faire des revendications pourtant derrière moi il n’y a personne » explique Denis Kwebo.

Au ministère de la justice, le ministre délégué Jean de Dieu Momo que nous avons joint au téléphone explique que le gouvernement est prêt à collaborer dans le cadre de cette justice internationale. « Puisque c’est une procédure en cours, je n’en dirais pas plus » a-t-il indiqué.

Curieusement, les procureurs et juges avec qui nous avons discuté au sujet de cette affaire ne se sont pas montrés si menaçant comme on le craignait au début de l’enquête. Bien au contraire, ils affirment que leur porte reste ouverte si nous avons d’autres préoccupations. On comprend donc que c’est aux journalistes de faire des pressions pour que l’affaire avance.

Violation grave des lois.

Le collectif rappelle que nous sommes en présence d’une violation de la déclaration universelle des droits de l’homme et des libertés, partie intégrante de la constitution du Cameroun dans ses articles 3, 5 et 11 qui stipulent que « tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sureté de sa personne ». « Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels inhumains et dégradants ». Il faut agir, tranche les avocats.

Hugo Tatchuam (Jade)

La sortie du gouvernement par rapport à cet assassinat est tout simplement surréaliste. Ce gouvernement, qui a kidnappé le jeune journaliste Wazizi le 02 Aout 2019 pour le phagocyter le 17 Aout 2019, dit-il, explique au monde entier qu´il ne savait pas que le jeune journaliste était recherché par : C’est pourquoi ils s’accordent toujours un temps suffisamment long entre le moment du décès et une exhumation hypothétique du corps. Un temps nécessaire, selon les médecins légistes, pour finaliser la décomposition totale du corps et espérer ainsi effacer les stigmates de cette atrocité.