130 jours de détention illégale pour le supposé activiste

130 jours de détention illégale pour le supposé activiste

Yaoundé. Abdul Karim est soupçonné de financement de terrorisme et sécession. Son avocat dénonce une détention arbitraire et exige sa libération. Deux autres proches de cet « activiste » ont été interpellés en novembre dernier et sont toujours  en détention.

Depuis le 11 août 2022  Abdul Karim, leader communautaire présenté comme un activiste pacifique pour la résolution de la crise anglophone  dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, est privé de liberté. Il séjourne actuellement au Service Central des Recherches Judiciaires du Secrétariat d’Etat à la défense. Le suspect est coupé de tout contact avec les membres de sa famille.  Son avocat affirme qu’après le « kidnapping » de son interpellation, l’épouse  d’Abdul Karim  qui se sentait également en insécurité  a quitté la ville de Bamenda pour se réfugier dans un endroit toujours inconnu. 

A en croire l’avocat, Abdul Karim a été interpellé sans  aucun mandat  présenté par les forces de défense et de sécurité, encore moins une plainte. Il avait été conduit  d’abord à la compagnie de gendarmerie de Bamenda alors qu’il revenait d’une mission de paix au Kenya. Abdul Karim n’a pas été informé du motif de son arrestation comme l’exige les conventions internationales ratifiées par le Cameroun. Une perquisition avait été organisée au domicile de ce suspect. Un ordinateur portable et un téléphone  ont été saisis. Avant d’être transféré à Yaoundé. L’activiste a d’abord été détenu  à la légion de gendarmerie de Bamenda pendant plusieurs semaines avant d’être transféré à Yaoundé.

Depuis son interpellation, Abdul Karim a été présenté devant le Commissaire du gouvernement qui a instruit l’ouverture d’une enquête. Le conseil d’Abdul Karim dénonce la violation du droit international notamment l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, en son article dans son alinéa  2 qui dispose : «  Tout individu arrêté sera informé, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et recevra notification, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre lui ».

Selon me Amungwa, l’avocat de d’Abdoul Karim, deux autres proches d’Abdul Karim ont été interpellés. Il s’agit Yenkong Soulemanou et Rabio Enuah.

Rendu le 12 décembre au Service central des recherches judiciaires, il nous a été rapporté que le responsable n’était pas là pour savoir les raisons de la détention d’Abdul Karim et de ses deux proches.

Violations du droit international

Depuis le déclenchement de la crise anglophone, les avocats dénoncent les traitements arbitraires et dégradants infligés à leurs clients au secrétariat d’Etat à la défense. C’est le cas de trois détenus accusés d’actes de terrorisme qui sont toujours en détention à la gendarmerie depuis octobre 2021. Ces trois détenus se trouvaient à la prison centrale de Kondengui. Ils ont été déportés de la prison pour la gendarmerie et s’y trouvent jusqu’à ce jour.

Les responsables des Ong de défense des droits de l’homme ne cessent de décrier la violation des droits des personnes par les forces de défense et de sécurité sous le prétexte de combattre les séparatistes en zone anglophone. Cette inquiétude a été relevée le 9 décembre 2022 dans un rapport présenté par le Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique (Chrda). Dans ce rapport l’Ong que dirige l’avocat Agbor Balla affirme que les personnes suspectées d’être séparatistes sont régulièrement interpellées et maltraitées. Le rapport dénonce le fait que les plaintes déposées contre les auteurs de maltraitance devant les juridictions du pays ont du mal à recevoir une suite favorable.

En novembre 2022, les conclusions des experts onusiens des droits de l’homme ont relevé que les personnes détenues dans le cadre de la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest font l’objet d’un traitement inhumain et dégradant.

Prince Nguimbous (JADE)